samedi 26 juin 2010

Un jour je serai... Un jour je ferai... C'est quand un jour ?


Je vais fêter dans quelques jours mes 46  ans. Bizarrement, je ne les sens pas. Bon, je suis bien obligée depuis quelques mois de mettre des lunettes à tas de variations compliquées, et parfois je trouve que j'ai moins la pêche qu'avant mais... mais j'oublie très souvent que je commence à frôler dangereusement la cinquantaine (il m'arrive même de sourire outrageusement à des petits jeune de 35 ans avant de réaliser que je frôle le délit de détournement de mineur).
Et puis , ce printemps, après un hiver long et pénible, après des problèmes divers et variés qui m'ont laissé le moral chancelant, j'ai revu quelqu'un que je n'avais pas vu depuis... 30 ans : mon maitre d'équitation de mon adolescence. Alors qu'il me demandait où j'en étais côté canasson, je lui ai fait la réponse que je me fais depuis ... 30 ans aussi :
"Pour l'instant je ne monte plus. Mais un jour j'aurai un cheval."
Et il m'a juste posé cette question simple.
"Et un jour, c'est quand ? Tu as 45 ans."
Et pouf. J'ai pris le ciel sur la tête. Et le chronomètre aussi (Aie).
C'est quand, en effet,  "un jour" ?
La vie a passé, je me suis laissée entrainer dans la routine, le boulot, les inévitables catas quotidiennes plus ou moins grandes. Et j'ai repoussé à demain, après demain, à 30 ans même, ce que j'aime et qui a toujours été mon rêve.
Or je me suis fait une promesse dans la vie. Pas d'éviter les erreurs, c'est impossible. Tout choix, tout mouvement implique le risque de se tromper, et vivre demande de se pardonner ses erreurs et d'avancer.
Mais d'éviter les regrets. Ne pas avoir à regretter " ce que j'aurais du, pu, voulu faire.. et que je n'ai pas fait". Parce que ça c'est en notre pouvoir. C'est notre responsabilité de vie.
Ce "C'est quand un jour" m'a fait réaliser que j'étais en train de me tricoter, lentement mais sûrement, une belle écharpe de regrets pour mes futures soirées d'hiver de vieille dame : "ah, si seulement j'avais eu un cheval, habité la campagne, eu la maison Arche de Noé dont je rêvais..."
Et voilà comment une vie bifurque.
Deux coups de téléphone plus tard, mon maitre d'équitation m'avait trouvé un cheval ex champion aspirant à une retraite active (et même pas à 62 ans, privilégié au régime spécial va!), j'avais pris le cheval sur la tête (après le chronomètre, reaïe) et décidé de changer ma vie.
Deux mois plus tard, ma maison de banlieue est vendue, ma maison à Rambouillet trouvée, le déménagement prévu pour mi juillet, et le box dans le futur jardin déjà construit pour accueillir mon quadrupède...
Et vous savez quoi ? j'ai peur, parce que je vais recommencer toute mon implantation amicale, quotidienne, et même professionnelle pour partie. j'ai peur, parce que je vais vivre à la campagne avec du terrain, des animaux, de la forêt à côté. j'ai peur parce que financièrement ca promet d'être acrobatique.
En fait, j'ai peur parce que je vais enfin vivre mon rêve. Et que finalement il est beaucoup plus simple et prudent de raconter ses rêves et de ne pas les réaliser... pour ne pas les abimer de réalité peut être.
Mais je suis heureuse comme je ne l'ai pas été depuis des mois.
Vivante.
Pleine de questions, et de changement, et de découvertes.
Un jour, c'est maintenant.
Et aujourd'hui j'étais en forêt avec MP (prononcez êmpi with l'accent, il est irish) et j'ai touché des moments de bonheur parfait, simples, comme la lumière dans les arbres, la biche qui nous a regardé passer sans bouger, ou notre plaisir à tous les deux à galoper en parfaite harmonie.
Souvenez-vous que la vie passe.
Quels sont vos rêves ?
N'attendez pas "un jour".
N'attendez surtout pas 30 ans.
La vie, même zen, est courte..
PS. vous habitez dans le coin de Rambouillet, Gazeran, Hermeray ? j'arrive cet été, et tous les contacts zen sont les bienvenus...